Publié le 18-09-17

Opération Montagne Responsable : le nettoyage de la Mer de Glace



Les 15 et 16 septembre derniers, 130 bénévoles emmenés par Lafuma et encadrés par les moniteurs de l'UCPA ont ramassé plus de 2 tonnes de déchets sur la Mer de Glace.

Retour sur la 10ème édition de cette initiative durable et responsable rendue possible par la collaboration de nombreux partenaires.



130 bénévoles, ils n'ont jamais été si nombreux à se présenter sur la mer de glace.


L'objectif des deux journées est clair : ramasser la plus grande quantité de déchets sur la mer de glace, aussi bien dans les endroits "connus" pour rendre des débris que dans les zones moins fréquentées.



©Fabien Voileau x Les Others


Une opération collective de nettoyage de la mer de glace


L'opération montagne responsable est une collaboration entre de nombreux partenaires

privés, publics et associatifs.

Écologique, sportive et artistique

cette opération est beaucoup plus qu'un geste pour la préservation de l'environnement.




En amont de l'opération les membres du Club Alpin de Chamonix repèrent les déchets les plus massifs dans les secteurs difficiles d'accès.


Ce sont là de vieux ancrages, câbles et troncs de mélèze qui sont d'abord

 

découpés et ramenés en tas localisés pour faciliter leur collecte par les bénévoles.



©Fabien Voileau x Les Others



 


Une collecte fructueuse : 2 tonnes de déchets collectés


En 2016 

110 bénévoles encadrés par 10 guides de haute-montagne de l'UCPA

ont posé le pied sur la Mer de Glace.



©G.Desmurs



Après plusieurs heures de collecte,

2 tonnes de déchets ont été ramassés

 entre le bas de la langue du glacier (1820 mètres) jusqu'en dessous du refuge du requin (2100 mètres) soit plus de 2 km de parcours.



©A. Bettinger


Comme les années précédentes la zone d'abondance se situait sur la partie basse, plus exposée à la fonte du glacier.


Dans les "Big Bags" hélitreuillés en fin de récolte on pouvait trouver des déchets métalliques en tous genres : câbles, ferrailles, capsules, boîtes

de 

conserve, mais aussi du verre, des emballages en plastique et des fragments de cloisons de l'ancien restaurant.



 






©Fabien Voileau x Les Others


Ces trésors viennent compléter une jolie collection de skis vintage et des boites de marques industrielles oubliées.





Partir nettoyer la Mer de Glace nécessite une lourde logistique : les 110 personnes doivent être logées, nourries, transportées, hébergées, équipées et encadrées sur un terrain où

les techniques d'alpinisme élémentaires doivent être maîtrisées.





Le ratio d'encadrement de l'UCPA est rigoureux : 1 guide de haute-montagne pour 5 personnes maximum.


De nombreux volontaires se manifestent, mais intervenir sur la Mer de Glace nécessite un équipement et un encadrement professionnels.


Voir autant de personnes se mobiliser est très encourageant dans la perspective d'opérations sur des terrains moins risqués.


La Mer de Glace révèle son passé


L'image du randonneur indélicat jettant ses déchets qui nous vient spontanément est trompeuse. En réalité la plupart des déchets récoltés sur la Mer de Glace sont des câbles, étais, poulies ou tirants métalliques, autant de

vestiges d'anciennes installations désaffectées figées dans le glacier depuis des décennies.





Ces débris, 

venus l'époque lointaine du ski d'été à Chamonix

, sont des restes de vieux restaurants, remontées mécaniques et autres matériaux de maintenance vaincus par le temps, enfouis par les chutes de neige successives.




Il y a 40 ans, peu d'exploitants et pratiquants de la montagne se préoccupaient de l'avenir de leurs déchets.


Le recul chronique de la mer de glace nous rend aujourd'hui ce triste héritage qu'il nous appartient de ramasser, autant pour préserver le site que pour la sécurité des nombreuses personnes qui l'arpentent chaque année.




Le secteur du Heilbronner rend toujours beaucoup de déchets : c'est la poubelle que les employés du restaurant jetaient chaque soir dans la crevasse

Philippe Diloard - Responsable d'opération au Club Alpin de Chamonix


Un bilan très encourageant pour l'avenir


Cette 10ème édition complète un total de

23 tonnes de déchets prélevées depuis les origines de l'opération

menée par Lafuma et ses partenaires.




Après 4 tonnes en 2014, 3,5 tonnes en 2015, les 2 tonnes des 2 dernières années montrent que les actions portent leurs fruits.


Le nombre de déchets de grande taille est en chute,

les tirants métalliques et poteaux trouvés ces dernières années ont presque disparu

. Le haut de la zone de recherche n'a rien donné à l'exception de quelques câbles.




Cette année il n'y avait rien sous le refuge du Requin mais des câbles arrivent toujours dans les séracs du Géant.


Les déchets de petite taille trouvés en bas du glacier ont produit

du volume mais moins de poids.


Un défi qui semblait fou il y a encore quelques temps est en passe d'être réussi, par exemple le filon de la salle à manger semble se tarir.




Depuis plus de 10 ans l'engagement de Lafuma porte ses fruits et l'UCPA est fière d'avoir pu y contribuer ces 6 dernières années.


Préserver nos espaces naturels comme la Mer de Glace est un travail de longue haleine, un objectif qui s'atteint un geste à la fois.



La Mer de Glace un espace naturel fragilisé


Chaque année

le plus grand glacier de France accueille plus de 500 000 visiteurs.

Cette attractivité touristique et sportive d'envergure mondiale doit de plus en plus composer avec un contexte environnemental difficile.



En 2015, le bilan à l'issue de la fonte estivale était sans appel : la Mer de Glace avait

perdu plus de 3,5 mètres d'épaisseur

, soit plus de 3 fois la fonte constatée habituellement.




La Mer de Glace a reculé de 2km depuis 1950.


Les causes sont connues : canicule, réchauffement climatique, baisse des précipitations hivernales. Chaque année une quinzaine de marches viennent s'ajouter à l'escalier d'accès qui en compte plus de 400.





A l'automne 2016, un nouveau recul sera probablement constaté à l'instar des autres

Glaciers Alpins situés en dessous de 3500 mètres, menacés de disparition d'ici 2100.





La fonte survient dans la partie basse de la langue de la Mer de Glace

 au niveau des glaciers de Leschaud et du Tacul. Cette zone particulièrement sensible est aussi le secteur où le plus grand nombre de déchets sont recueillis lors des collectes annuelles.


Un article de Olivier