Publié le 12-04-18

Comment les femmes se sont appropriées les sports extrêmes ?

Surf, VTT, skate, snowboard ou ski freestyle sont autant de sports majoritairement pratiqués par des hommes. On compte pourtant un nombre de pratiquantes en progression constante chaque année : les filles sont de plus en plus attirées par ces sports, tandis que le niveau féminin global ne cesse de s’améliorer. Ces demoiselles inventent leur propre modèle, créent des événements rien qu’à elles et se paient même le luxe de challenger ces messieurs ! Girl power, vous dites ?


«Il y a de plus en plus de filles au pic » nous assure Stéphanie, surfeuse et membre de l’association Elles Surf. «

C’est une tendance

qui se confirme nettement

depuis quelques années maintenant


©Elles Surf


Terminé donc, l’image de la « surf widow » c’est à dire la jeune femme attendant son homme sur la plage.

Désormais les filles surfent

, et ont plaisir à se retrouver entre copines pour surfer.


Les filles inventent un modèle différent, plus dans le partage et moins dans la performance.


Passer un bon moment à l’eau ensemble, profiter de l’émulation d’un groupe pour progresser,

repousser ses propres limites

, voici davantage ce que cherchent les filles.



Même son de cloche du côté du VTT

, où la

pratique féminine se démocratise fortement depuis deux ans

, selon un modèle bien à elles.





Sophie Verrier, monitrice de VTT à l’UCPA le confirme «

On rencontre de plus en plus de filles sur les chemins

. Si elles apprécient les sensations de vitesse, de trajectoire, tout autant que les garçons, elles sont moins en quête perpétuelle de performance. Elles cherchent davantage à découvrir de nouveaux spots, à se régaler de magnifiques paysages et à

affiner leur pilotage

. »





Bien souvent fines techniciennes, les filles ont une approche différente des hommes, plus cérébrale.


«

Elles aiment comprendre, progresser, vont dans le détail

. Elles sont plus appliquées. » termine Sophie.


Mais quand on réfléchit beaucoup, on ose moins !


L’engagement, voici la principale différence

entre les hommes et les femmes dans ces sports où les chutes sont potentiellement dangereuses. Avant de s’engager sur de grosses vagues (en surf), ou de sauter de plus gros kickers (en snowboard /ski ou VTT), les filles

calculent davantage les risques

, attendent de se sentir

plus sûres d’elles

. Mais quand elles y vont, elles se mettent dedans à 100% !





Marie Martinod, médaillée d’argent en ski freestyle (halfpipe) à Pyeongchang, me le confirmait dans une interview il y a quelques mois : « Je pense que

j’ai toujours été plus trouillarde que les garçons

, donc je compose souvent avec mes appréhensions. En tant que femme, nous avons un instinct de conservation plus développé que celui des hommes :

on a tendance à moins se mettre en danger

.





Mais je pense que c’est très largement compensé par une capacité incroyable à se transcender, à ne jamais rien lâcher. »


Marie Martinod : Nous sommes solides et nous avons la hargne !


Il y a encore quelques années, les filles qui pratiquaient ces sports dits « action sports » y étaient venues par le biais d’un frère, d’un papa ou d’un copain passionné. Désormais, les filles y

viennent d’elles mêmes et pour elles mêmes

. « Il y a quelque chose de très épanouissant dans le surf, explique Stéphanie.


©Roxy


J’aime ce sentiment de liberté, de pur bien


être quand je suis dans l’eau. Et c’est encore plus cool de partager ça avec d’autres filles ! »


De plus en plus de filles qui pratiquent, cela crée une émulation positive qui contribue à faire monter le niveau.


« De plus en plus de filles surfent vraiment bien, continue Stéphanie. Auparavant, seules quelques unes challengeaient vraiment les hommes, mais c’est de plus en plus fréquent. »



Si en surf, le circuit de compétition comptait déjà bon nombre de femmes, en VTT c’est plus récent, mais la hausse est forte, et ce, dans toutes les disciplines. En ski, en skate et en snowboard freestyle,

l’évolution est elle aussi notable

.





Marie Martinod, qui fait partie des pionnières du ski freestyle le confirme : « Au début de ma carrière, nous n’étions que cinq ou six filles sur les compétitions internationales, parfois moins !


Nous sommes maintenant très nombreuses

, c’est fou ! Le niveau s’est vraiment densifié, il y a beaucoup de concurrence désormais ! »





Avec leur univers, leur sensibilité, leur manière bien à elles de rider, les filles imposent leur marque dans ce milieu très masculin des « actions sports », et il y a gros à parier que ça ne fait que commencer…


Un article de Lucie-Paltz