Publié le 14-12-17

Carnet de voyage : sur la trace du dernier Inca au Pérou



Le séjour « Vol du condor » permet de parcourir 3 pays en 21 jours : le Chili pour s’acclimater aux altitudes du haut plateau andin, la Bolivie pour ses paysages extraordinaires et bien sûr le Pérou pour sa vallée sacrée inca après avoir découvert le lac Titicaca.


Bercé par les « Mystérieuses Cités d’Or » ou par « Kuzco, le dernier empereur » suivant la génération, on a nécessairement des idées pré-conçues sur la vie des andins et leur histoire. C’est en effet dans cette chaîne de montagne balafrant de haut en bas l’Amérique du Sud que la civilisation Inca s’est développée. La conquête espagnole a détruit de nombreux lieux ancestraux mais il reste encore de magnifiques sites conservés pour s’étonner du génie de ce peuple.

La montée sur l’altiplano


La chaîne des Andes longe l’Océan Pacifique laissant un petit liseré de terres au niveau de la mer. A la frontière avec le Pérou se trouve la ville chilienne d’Arica. C’est la porte d’entrée pour monter sur l’altiplano, le haut plateau andin.



Ce plateau dépassant les 3700 mètres d’altitude il est fortement conseillé de monter progressivement entre le niveau de la mer et les hautes altitudes.



Le mal des montagnes est un compagnon fréquent des voyageurs dans ces contrées. Il faut savoir le prévenir (acclimatation progressive, boire beaucoup d’eau, mâcher/infuser de la feuille de coca), et le déceler (mal de tête, vertige, difficulté pulmonaire) afin d’éviter d’abréger le séjour.



Pour cette acclimatation, nous parcourons un dénivelé de 3500 mètres en l’espace d’une journée pour arriver à Putre où nous allons passer notre première nuit. Cette ville chilienne se trouve dans le parc naturel de Lauca avec ses cactus, ses premiers lamas et alpagas.



Dès la première journée, nous prenons conscience de la dangerosité du soleil dans la région : en altitude au niveau de l’équateur, la couche atmosphérique est très fine et protège moins bien qu’à nos latitudes européennes. Le village de Putre possède d’ailleurs un astucieux système appelé « Solmaforo » pour prévenir du niveau de dangerosité du soleil.

Les Salars


Après être passé au pied du volcan Parinacota (6330 mètres), nous traversons la frontière chilo-bolivienne pour atteindre l’altiplano et ses 3700 mètres d’altitude au point le plus bas.



Une randonnée d’acclimatation nous permettra de monter à 4500 mètres. La démarche de chacun est plus lente, l’essoufflement est plus rapide que d’habitude. La neige n’apparaît qu’à partir de 5500 mètres.

Nous sommes quasiment à l’altitude des plus hauts sommets européens, et pourtant le paysage est désertique.


A l’horizon, on devine enfin une grande étendue blanche. Il ne s’agit pas d’une plaque neigeuse, nous nous approchons d’un des plus beaux paysages de Bolivie : les salars.

Ces immenses étendues de sel créées par l'évaporation des lacs qui les contenaient.


L’eau de mer s’étant vaporisée, il ne reste qu’une immense couche de sel craquelée à la surface. Le sol est parfaitement plat et durant la période des pluies, une couche d’eau de quelques centimètres crée le plus grand miroir du monde.



On peut aussi « deviner » la courbure de la Terre en se plaçant au centre du salar d’Uyuni (10000 Km2) et en observant l’horizon à 360°. Pour notre part, il s’agissait de la saison sèche et nous avons donc vu une étendue blanche à l’infini.



Au centre de cette mer de sel, on peut trouver des îles telles que la « Isla del Pescado » en forme de poisson. Là ne subsistent que des cactus gigantesques et des coraux morts, preuve supplémentaires que ces lacs étaient des mers dans une époque géologique passée. Le paysage mêlant le salar avec ces cactus est fantastique, surtout lorsque vient le coucher du soleil.



Il existe des hôtels construits avec le sel extrait du salar mais nous leur préférons une soirée chez l’habitant à Uyuni avec d’imposantes et lourdes couvertures en laine de Lama. Les nuits sont très froides à cette altitude dès que le soleil disparaît à l’horizon.

Les mines de Potosi


Sur le chemin de La Paz, nous faisons une halte à Potosi. Il s’agit d’une ville minière à 4000 mètres d’altitude. On y trouve de vieilles bâtisses coloniales et le musée de la Moneda hérité de la période faste où les mines de la montagne Cerro Ricco fournissaient de l’argent en grande quantité.



Pour se rendre compte de la vie des miniers, la visite souterraine de la montagne est possible mais déconseillée aux claustrophobes : c’est une myriade de galeries taillées par l’homme sur plusieurs niveaux.

A faire une fois dans sa vie, on apprécie de ressortir du ventre de la Terre à la fin.


Le danger est présent même si nous avons fait des offrandes (cigarettes, alcool, feuilles de coca) au Dieu de la Montagne, el Pio, au plus profond de la mine.

La Paz et la route de la mort


Nous restons à environ 4000 mètres d’altitude pour rejoindre la capitale la plus élevée du monde, La Paz.

Une ville surpeuplée construite sur toutes les zones possibles, y compris les pentes abruptes.




La ville étant en haute altitude, nous apprécions à sa juste valeur l’ascenseur de notre hôtel, les escaliers étant un supplice à la fin de la journée !

Le lendemain, nous avons le choix dans l’activité : soit la visite de la ville, soit un peu de sport en descendant en VTT la route de la mort. Cette route monte de l’Amazonie à l’Altiplano. Elle est construite de manière sinueuse à flanc de montagne et n’est souvent pas assez large pour permettre à deux véhicules de se croiser.

Connue pour ses nombreux accidents de camions et de bus


A l’époque elle était le seul moyen de relier l’Amazonie à La Paz, aujourd’hui, elle est toujours dangereuse, mais a été remplacée par une autoroute aménagée. La descente en VTT dure plusieurs heures pour parcourir les 60 km.

Le parcours se faisant en descente, les vététistes se découvrent une forme herculéenne : il s’agit des bienfaits de l’altitude et de ses conséquences (production de globules rouges en nombre).



 

Le lendemain, les volontaires ont l’occasion de monter sur un belvédère à 5000 mètres d’altitude (col d’Aguja Negra) pour profiter du paysage du Condoriri, une montagne en forme de condor aux ailes déployées. Pour ma part, je me suis arrêté à 4800 mètres, le mal des montagnes ayant eu raison de moi.

Le peuple du lac Titicaca

 

L’étape suivante est le mythique lac Titicaca


Le plus haut du monde, il est également le berceau de la civilisation Inca. A 3800 mètres d’altitude, il s’agit d’une véritable mer d’eau douce, intérieure et surélevée.



Le peuple des Uros vivait sur des îles flottantes faites en roseau. Il ne faut pas se leurrer, les visites proposées sont orientées pour les touristes : personne ne vit réellement sur les îles visitées, mais cela semblait très fonctionnel.



Le lac est sur la frontière entre la Bolivie et le Pérou. Sur la berge ouest, les taquilenos nous ont accueilli pour plusieurs nuits chez l’habitant. Il s’agit de villages sur l’île Taquile, avec des maisons en terre séchée avec de la paille. C’est ici que l’on trouve les images habituelles du lac Titicaca à travers les porches de pierres.

La vallée sacrée des incas


Enfin, la dernière partie du voyage se termine en apothéose par la visite des constructions incas. La Vallée Sacrée, au centre du Pérou, regroupe un ensemble de vestiges très bien conservés.



Nous y découvrons le temple du dieu créateur Wiracocha de Raqchi, les citadelles de Pisac et d'Ollantaytambo, le site de Moray et ses terrasses concentriques permettant des recherches botaniques.

On y trouve une précision affolante entre les pierres.






Enfin nous nous extasions devant le panorama des salines de Maras. Ces dernières permettaient aux incas de récolter le sel jaillissant des sources salines et se déposant à travers des milliers de bassins d’évaporation. Le site produit toujours du sel vendu sur place. Les couleurs virent du blanc à l’ocre puis au brun : une merveille pour les photographes.

La merveille du monde, le Machu Picchu

 

Personne n’ignore son existence. Mais personne n’imagine sa taille avant de l’avoir vu !


Machu Picchu doit se mériter : il n’existe pas de route pour rejoindre Aguas Calientes au pied du site, sur les bords de la rivière Urubamba. Il faut donc prendre un train bondé de touristes, dormir sur place puis se lever aux aurores (4h) pour éviter les longues files d’attente avant d’atteindre l’entrée du sanctuaire.



Perchée à 2500 mètres, cette cité inca a été parfaitement conservée car elle n’a pas fait l’objet d’un pillage des conquistadors qui n’en connaissaient pas l’existence. Ce n’est qu’en 1911 qu’un paysan péruvien a guidé l’archéologue-explorateur Hiram Bingham vers le site envahi par la forêt. On éprouve une très forte sensation lorsque le site se découvre au moment de la disparition de la couche nuageuse matinale.



Posée sur le Machu Picchu, au pied de l’Huayna Picchu que l’on voit au fond des images traditionnelles, la cité abritait l’Inca et son peuple. Les terrasses en étage permettaient de cultiver aisément à cette altitude et bénéficiait d’une irrigation innovante et astucieuse. Des fouilles archéologiques ont toujours lieu sur le site tant sa superficie est importante.

Les marcheurs peuvent parcourir le chemin de l’inca pour visiter les sites annexes comme le Pont de l’inca ou la Porte du Soleil (par laquelle pénétraient les rayons de l’astre dans le temple du Soleil lors de l’équinoxe). Les plus aventureux pourront réserver la montée au sommet de l’Huayna Picchu mais ceux qui ont le vertige devront s’abstenir absolument !

Il faut rester la journée sur le site pour en profiter pleinement.


C’est un lieu chargé d’histoire, et si on en croit la légende, il serait également un centre d’ondes telluriques importantes. Quoi qu’il en soit, nous revenons marqués de cette visite.

Pour les passionnés des lamas, animal emblématique des Andes, profitez-en pour tenter de le prendre en photo. Ils sont en effet nombreux à déambuler en parfaite liberté dans le parc archéologique.



Pour finir, ce séjour de 21 jours apporte une déconnexion vraiment bienvenue dans notre vie actuelle pour nous plonger dans des paysages fabuleux. La faune, la flore, le relief, le climat, les traditions sont autant de découvertes.

Même en me lisant, vous n’imaginez pas la surprise que vous aurez en découvrant tous ces lieux par vous-même.




C’était mon rêve de partir sur la trace des incas : mon désir a été comblé au-delà de mon imagination.



 


Un article de Olivier-Chastang