Publié le 20-06-18

Il y a encore peu de temps, qui aurait imaginé embarquer pour découvrir la Birmanie? Et pourtant, vous ne regretterez pas! Petit pays d'Asie avec une histoire tourmentée et au riche passé culturel, cette destination vous surprendra par l'authenticité de celles et ceux que vous y croiserez mais aussi par la beauté de ses paysages qui vous plongeront dans les couloirs d'un temps que l'on aurait pu croire révolu depuis des siècles !


 

Des pagodes de Rangoun aux temples de Bago


Quand nous arrivons à Yangon, capitale économique du pays, la première interpellation vient du mélange architectural associant les pagodes dorées à des édifices coloniaux rappelant le passage des britanniques présents jusqu'en 1948.Encore fatigués par le voyage, Whai Pyo notre jeune et sympathique guide local nous propose un petit tour du centre ville historique.

Nous y visitons la Pagode Sulé, vieille de près de 2000 ans avec sa forme octogonale.


Puis nous enchainons avec une visite du quartier colonial avant de partir vers la Pagode Kyaukhtatgyiwthagyi où un impressionnant boudha couché de près de 70 mètres de long y est abrité, l'un des plus grand du pays.La nuit tombe déjà, nous terminons ce premier marathon des pagodes par la visite de la merveilleuse pagode Shwedagon. Véritable lieu saint boudhique du pays, celle-ci contiendrait, selon la légende, des reliques de quatre anciens bouddhas.Les birmans sont nombreux à se presser au crépuscule, les reflets dorés se détachent du ciel de la nuit étoilée. L'ambiance est festive, colorée et familiale. L'instant est magique !Après cette première virée en ville, nous quittons la capitale par le train. Direction la campagne ! A peine sur les rails, le contraste est saisissant. Depuis nos fenêtres, on aperçoit les bidonvilles, les pieds dans l'eau, jonchés d'immondices. L'image est bien loin de la carte postale.La locomotive s'arrête dans plusieurs gares de la banlieue, puis accélère dans la campagne birmane qui offre un tout autre visage. Les habitations sont simples, les paysans cultivent leurs champs dans une nature encore très riche.Nous arrivons dans la petite ville de Bago, ancienne capitale du royaume Mon qui dominait le sud de la Birmanie voilà plus de 1500 ans. Nous enfourchons un vélo pour entreprendre une visite de la ville et de ses environs. Avant de rendre une petite visite au 'Bouddha couché' le plus célèbre de Birmanie, nous visitons le monastère de Kyakhetwine.Les moines, uniquement des hommes, vivent ici au rythme des prières et se soucient peu des visiteurs que nous sommes. Nous assistons à leur déjeuner précédé d'une cérémonie d'offrandes dans un silence religieux !Nous pédalons à nouveau pour rejoindre la pagode de Shwemawdaw puis celle de Kyaikpun. La nuit est tombée, un bus de nuit nous accueille pour rejoindre la ville de Manadalay à 600 kms de là.


Mandalay et sa région, une ville au carrefour de l'histoire birmane


5h du mat, le bus nous laisse au bord de la route à quelques encablures de la ville de Manadalay ou un autre nous y attend pour nous conduire à la jetée de Mandalay pour embarquer sur un bateau pour rejoindre l'ancienne ville royale de Mingun, en remontant le fleuve Irrawady.Petit passage par la maison de retraite où nous faisons une offrande UCPA avant de rentrer à Manadalalay.C'est reparti pour un deuxième marathon des pagodes Mahamuhi, pagode Kuthodaw, monastère de Shwe Kyaung qui se terminera par un coucher de soleil sur la colline de Mandalay d'où l'on voit la ville et son fleuve en vue panoramique.Le lendemain matin, nous partons pour la ville d'Ava (20 km de Mandalay), ancienne capitale royale avant de traverser encore l’Irrawaddy pour rejoindre Sagaing, juste en face d’Ava, sur l’autre rive du fleuve.La colline de Sagaing est couverte de nombreuses pagodes et de monastères.En fin d’après-midi, nous rejoignons Amarapura d'où nous prendrons le temps d'observer un coucher de soleil depuis le célèbre pont U Bein. Le romantisme opère !


Le long du fleuve Irrawady, la vie du quotidien


5h du mat (encore) ! Embarquement sur un gros bateau à moteur pour une une croisière de presque 200 km sur l'Irrawady au travers les vastes pleines birmanes, qui nous conduira jusqu'à Bagan en une dizaine d'heures.Le long de ce fleuve qui reste l'axe principal de communication entre les grandes villes du pays, un spectacle vivant de scènes de vie quotidienne se déroule sur les rives de chaque coté du bateau..Nous traversons les paysages où l'agriculture domine largement. On y voit les habitants vivre, travailler aux champs, ou charger des bateaux.En fin de journée, nous apercevons au loin quelques dôme de stupas de pagodes dans la brume. Bagan est en vue...


Les temples de Bagan, l'ancienne capitale du royaume de Pagan, premier empire Birman


Dans cette plaine très centrale de la Birmanie, sur près de 50 kilomètres carrés, se dressent des milliers de stupas et de temples, construits pour l'essentiel entre le XIème et le XIIIème siècle, comme les grandes cathédrales d'Occident.Pour découvrir l'étendue de ce site, rien ne vaut une ballade à vélo sur les chemins de terres et des petites routes aménagées. Les plus beaux édifices sont accessibles. Des bouddhas et des peintures murales ornent ces intérieurs de pierres. Au fil du temps, les tremblements de terre n'ont pas eu raison de ce chef d'œuvre laissé par l'humanité même si le dernier d'août 2016 a détérioré bon nombre de ces monuments.De-ci, de-là, nous traversons un village, visitons une école primaire où les enfants déjeunent impassibles à notre présence. La vie continue ici ! A chaque heure du jour, les lumières et les couleurs changent. Le clou du spectacle est sans nul doute les couchers de soleil sur les stupas perdus dans une végétation verdoyante. Une fois encore la magie opère !Le lendemain, nous rejoignons en bus Pindaya via la station climatique de Kalaw, d'où partira notre trek pendant les trois prochains jours.


Pays, paysans, paysages au cœur battant des terres Shan


Avant de quitter Pindaya, petite ville d'altitude au bord d'un lac à 1180 mètres, nous faisons un dernier arrêt dans la grotte Shwe U Min, aux 8 000 statues de Bouddha amassées au fil des siècles. Impressionnant ! Il y en a partout dans la cavité, du sol au plafond, et même dans des cavités cachées où l'on accède en rampant.C'est maintenant l'heure du trek ! Nous prenons la direction du village de Htut Ni, peuplé par l'ethnie Danu, en suivant un parcours vallonné à travers des petites collines.Nous sommes attirés par un petit attroupement dans un hameau. C'est jour de mariage. Quelques locaux décident de nous faire partager ce moment, d'une grande simplicité. Les mariés nous accueillent dans la maison familiale et posent pour l'occasion.Après un repas local dans le village de See Kya et une petite sieste, nous descendons jusqu’au village de Taung Myint Gyi de l'ethnie Palaung. La pluie s'invite au programme. Les collines vallonnés sont couvertes par des plantations de thés où l'on y croise des femmes en train de récolter.A l'approche du village, les habitants nous saluent jusqu'au superbe monastère de Taung Myint Gyi où nous passerons notre première nuit.A l'arrivée, les moines nous attendent pour nous installer en silence. Dans la grande salle en bois, ils alignent les matelas, nous indiquent la douche, plus précisément le bac à eau en plein air au panorama inoubliable. Un vieux moine est allongé sur son fauteuil. Un œil sur la fenêtre, l'autre sur nous, il veille...Le lendemain, c'est la plus longue étape de notre trek ! Tout le monde s'active pour se préparer.


Le monastère s'anime. Il est un peu le lieu de la vie au village.


Les habitants vont et viennent pendant que nous avalons notre petit dej .Nous partons pour 4 bonnes heures de marche jusqu’au village de Kyaung Soe Gone, à travers les champs agricoles et de petites forêts. La région est très peuplée par des agriculteurs des ethnies Pa-O, Palaung et Shan. Notre trek se transforme en spectacle vivant.De part et d'autre du chemin, les femmes récoltent et battent le riz, plantent le gingembre pendant que les hommes assurent les travaux des champs souvent avec l'aide de bœufs. On a l'impression de remonter les couloirs du temps. Un temps où la mécanisation de l'agriculture n'existait pas et ou l'entraide familiale était la règle. Un paysage sculpté par la main de l'homme s'affiche à 380°.L'après-midi, nous terminons la route jusqu'au monastère de Hmwe Daw jonché tout en haut d'une petite colline. Les moines, toujours aussi muets, nous attendent pour servir la soupe. Extinction des feux à 22h ! Enfin, ca c'est ce que nous croyons car en réalité nous apprenons à nos dépens que le moine ne dort jamais et peut spontanément rallumer les feux en pleine nuit pour une prière à Bouddha dont lui seul à le secret.5h du mat, le coq chante ! L'heure de se préparer pour repartir en direction des grottes bouddhiques de Tha Ye Oo Hmin. On continue notre déambulation à travers les champs et les villages. Des enfants se marrent de nous voir galérer dans la boue. Les photos parlent d'elles même, c'est tout simplement beau !Par une petite forêt, nous atteignons enfin notre dernier monastère, celui de Na Wah Taung. Plus moderne, avec des murs en pierre, nous nous installons en enfilade au pied d'un grand bouddha qui veillera sur nous pour la nuit.Au petit matin depuis la colline, nous avons une vue imprenable sur le pays Shan dans les brumes gardant une brin le mystère sur ces terres que nous venons de parcourir. Il est temps de reprendre le bus pour notre dernière étape sur les rives du lac Inlay dans les montagnes à l'est de l'État Shan.


Le monde presque « perdu » du lac Inle


Dans la très touristique ville de Nyaung Shwe, le rendez-vous est fixé au petit matin sur le ponton pour un départ en pirogue à moteur vers le village d’Indein et ses pagodes du 16ème siècle.La pluie diluvienne s'est invitée au rendez-vous. Cape de pluie sur le dos et parapluies colorés, notre pirogue mets les gaz vers le lac. On ne peut même pas imaginer le paysage sous cette pluie battante. Nous accostons brièvement sur un petit marché local, il y a de la gadoue partout... Le moral est dans les chaussettes !C'est en remontant sur la pirogue pour aller sur la rive ouest du lac visiter les pagodes en ruine de Shwe Inn Thein que les premières éclaircies apparaissent enfin.Et heureusement, car le site que nous allons voir mérite le détour ! Construites au 17ème siècle, ces pagodes, en cours de restauration pour une partie, ont subis les pluies et les vents tropicales depuis plusieurs siècles.Certaines sont couvertes par la végétation de la jungle, d'autres sont encore débout et arborent leurs belles sculptures. En déambulant sur le site, on se perd dans les allées et on se prend à rêver dans ce monde presque perdu d'Indiana Jones.Une dernière fois, on reprend la pirogue pour naviguer au milieu des splendides jardins flottants du lac crées par l'ethnie intha. Modèle d'agriculture « intensive » du 20ème siècle, ils sont avec la pêche et l'artisanat la source de revenus de cette ethnie du lac.Avant de repartir au soleil couchant vers l'embarcadère, nous n'échappons pas au milieu du lac au traditionnel pêcheur touristique avec sa nasse qu'il dirige du bout de ses pieds. Dernier hologramme d'un passé révolu offert à des touristes devenus trop nombreux dans ce site d'une exceptionelle beauté.L'avion décolle déjà pour nous ramener vers Rangoun. Le rideau tombe sur cette belle traversée d'un petit pays, si longtemps oublié, qui aspire désormais à s'ouvrir au monde pour partager son héritage et sa philosophie de vie.


Un article de Bertrand-Manterola